15 mars 2016

Restons calmes

J'ai écrit dans le premier article de ce blog que celui-ci n'avait pas vocation à convaincre qui que ce soit des bienfaits d'une alimentation végétarienne, essentiellement parce qu'il y a déjà énormément d'informations disponibles à ce sujet sur la toile.

Sans entrer dans les détails, certains choisissent de diminuer voire de stopper totalement leur consommation de chair animale pour des raisons éthiques (souffrance animale), médicales (moins de maladies cardiovasculaires, diminution des risques de certains cancers...), environnementales... ou les trois combinées, ce qui est mon cas. C'est sur cette dernière raison, l'aspect environnemental, que je voudrais malgré tout revenir.

Je pense qu'un certain nombre d'entre nous n'ont pas tout à fait conscience de l'impact des élevages industrielles sur les émissions de gaz à effet de serre. Pour rappel, cela représente 17 à 18 % des émissions mondiales de CO2, soit plus que tout le secteur des transports, qui représente 14 %.


Pour reprendre une comparaison du livre très bien fait Être végétarien, d'Alexandra de Lassus, "si la production de 1 kilo de pommes de terre ou de blé produit le même effet de serre que si vous faisiez un créneau en vous garant, la production de 1 kilo de viande de bœuf produit le même effet de serre que si vous parcouriez 250 km en voiture."
Je ne sais pas pour vous, mais moi ça me parle tout de suite ! En lisant ça, je regarde d'un autre œil les hamburgers ou la blanquette de veau.

Je ressens le besoin de m'attarder sur ces données après lecture hier soir d'un article de la revue La Maison écologique (octobre-novembre 2015), paru juste avant la fameuse COP21, qui m'a donné des sueurs froides. Disons que je ne tombais pas des nues, mais quand même, c'est dur de ne pas paniquer quand on lit des choses pareilles. Je partage cet article de Thierry Salomon avec vous, histoire de ne pas être la seule à me demander : "Mais bon sang, qu'est-ce qu'on peut faire ??"

"Deux degrés, c'est trop
     À l'approche de la grande conférence sur le climat [...], l'objectif de contenir le réchauffement de la planète à 2°C est repris à l'envi par les politiques, les médias et la plupart des ONG. Deux degrés, c'est facile à comprendre, et face à l'angoisse de la catastrophe climatique annoncée, ce petit chiffre tout rond a finalement quelque chose d'assez rassurant. Deux degrés de plus en hiver, ça n'a rien de désagréable et cela réduira les factures de chauffage. Deux degrés de plus en été, un peu plus gênant et transpirant, mais on devrait s'adapter. Deux degrés, après tout, ce n'est pas la mer à boire, même si le niveau de celle-ci, nous dit-on, risque de s'élever un peu...
     Le problème, c'est que cela ne se passera pas du tout comme ça. Tout d'abord, cette valeur de 2°C est trompeuse. Ce sera beaucoup plus aux pôles et sur les terres. De plus, son point de référence est l'époque pré-industrielle ! Depuis, à force d'émissions, la température moyenne du globe s'est déjà élevée de plus de 0,9°C, et notre planète ne cesse de se réchauffer avec une froide régularité.
     Ensuite, le seuil de 2°C n'est pas une consigne de température en dessous de laquelle rien n'arrivera. À partir de modèles climatiques très élaborés, les climatologues ont calculé que la quantité de CO2 déjà émise depuis 1870 par l'activité humaine est de 1850 milliards de tonnes. Selon eux, pour conserver simplement 66 % de "chances" de limiter la température moyenne à 2°C de plus qu'en 1870, il ne faudrait pas émettre plus de 1050 milliards de tonnes d'ici la fin du siècle, et zéro au-delà. Or, nous émettons actuellement 35 milliards de tonnes de CO2 par an. Sur les 85 ans qui nous séparent de l'an 2100, le niveau annuel moyen d'émissions ne devraient donc être que de 1050 divisé par 85, soit 12 milliards de tonnes de CO2 par an, un facteur de réduction de trois par rapport aux 35 milliards d'aujourd'hui !
     Mais l'équation climatique à résoudre est plus compliquée encore. Dans un monde plus chaud de 2°C, la vitesse du changement climatique induirait des variations de végétation si rapides que les organismes vivants sur terre et dans l'eau douce n'arriveraient pas à suivre. Un tel réchauffement moyen créerait également de graves irréversibilités, telles que la fonte d'une partie des sols aujourd'hui gelés en permanence (le permafrost), des niveaux d'acidité dans l'océan affaiblissant les concentrations de plancton, ou bien encore, à terme, l'effondrement dans l'océan de la calotte glaciaire du Groenland, ce qui provoquerait une élévation du niveau de la mer de sept mètres !
     De très nombreux scientifiques pensent que nous devrions donc nous efforcer de limiter le réchauffement moyen terrestre à 1,5°C pour éviter autant que faire se peut des bouleversements majeurs des sols et de la biodiversité. Dans ce cas, pour se donner 66 % de "chances" de limiter la hausse à 1,5°C, notre "budget carbone" ne serait plus de 1050 milliards de tonnes de CO2, mais de 400 milliards de tonnes !
     Or, il reste des quantités considérables de carbone enfouies dans le sol, dans les gisements de pétrole et de gaz, les mines de charbon, les gaz de schiste, les sables bitumineux. La combustion de ce carbone représenterait l'émission de 5385 milliards de tonnes de CO2, soit 14 fois plus que le "budget carbone" permettant de rester au niveau des 1,5°C !
     La conclusion est évidente : nous devons, comme le scénario négaWatt le propose pour la France, supprimer au maximum, quasi-intégralement et le plus vite possible toutes les émissions de CO2 dans tous les pays du monde avant 2050.
     L'humanité ne s'est jamais confrontée à un tel challenge, à la fois simple et énorme. Il reste atteignable si l'on s'y emploie dès maintenant avec une farouche détermination, mais non si l'on tergiverse quelques années de plus.
     On pense qu'il suffit de négocier à Paris un accord entre États. C'est une profonde erreur : on ne négocie pas avec le climat. On le respecte."


La COP 21 étant passée, on a vu ce que ça a donné : aucune mesure concrète pour honorer l'engagement signé par 195 pays à ne pas dépasser les 1,5°C. RIEN DE RIEN. Même l'interdiction des sacs plastiques à usage unique a été repoussée, alors qu'elle devait entrer en vigueur le 1er janvier 2016. La mesure a été jugée "trop brutale" [sic]. C'est notre réveil qui va être brutal, j'vous l'dis ! La terre, elle, elle s'en remettra. Mais l'humanité ? Je ne sais pas...


Diminuer drastiquement sa consommation de chair animale, voire cesser d'en manger complètement, c'est donc peut-être un début...
En tout cas, "penser à éteindre les lumières dans les pièces où l'on n'est pas", comme les pouvoirs publics nous le recommandent depuis 20 ans (c'est vrai que chez certains ce n'est toujours pas acquis, aussi dingue que cela puisse paraître), c'est déjà ça, mais il faudrait passer à la vitesse supérieure. À quand des messages incitant la population à revoir sa consommation de viande et de poisson ? Pas demain la veille, puisque le programme Manger-bouger en France ose nous conseiller, dans ce contexte pourtant "brûlant" (sans mauvais jeu de mot), de manger "Viandes, volailles, poissons, produits de la pêche et œufs : 1 à 2 fois par jour", ainsi que"3 produits laitiers par jour", rien que ça !

Cherchez l'erreur...


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